Collection de bijoux ethniques, du Niger à Djibouti
Ce n 'est pas un bijou, c'est un voyage en Afrique.
Niger-Nigéria-Djibouti, d'Est en Ouest....
J'ai créé cette collection avec beaucoup d'émotions, je suis particulièrement sensible aux croix ethniques.
Tout a commencé sans le savoir lorsque je suis arrivée très jeune en Brousse ou j'ai grandi un tiers de ma vie actuelle.
Je suis arrivée à l'âge de 2 ans au Niger, nous vivions en brousse entouré d'un tribu de Touaregs, appelé les hommes bleus, car le pays était déjà incertain à l'époque. En fait pour être plus clair, il y avait notre base vie et autour de notre camp, il y avait les touaregs qui nous entouraient, comme si l'ont été au coeur de leur campement mais en version XXL.
On a passé plusieurs années entre le Niger, Nigéria et le Mali, tous les 6 mois on changeait de base vie. Il faut savoir que notre lieu d'habitation était en pleine brousse, c'est-à-dire à 2h voir 4h parfois de 4x4 d'une ville. Il y avait quelques villages aux alentours, mais un village en Afrique dans les années 70' je veux vous dire que c'était très sommaire...
Les Touaregs portaient toujours de magnifiques bijoux. Des grosses pièces en argent.
Je pense que c'est pour ça plusieurs années plus tard lors d'un séjour à Djibouti, pendant une balade au marché, je suis tombée sur la croix Ethiopienne et je l'ai adoré, à ce moment-là ça a dû réveiller quelque chose ne moi enfoui dans ma vie de petite fille.....
Et lorsque j'ai chiné ces croix, j'étais comme une enfant, je ne savais pas lesquelles choisir, je les trouvais tellement jolie.
Alors après plusieurs heures de choix, ensuite je les rapporte à l'atelier et j'ai créé et monté ces colliers avec beaucoup d'émotions et beaucoup de souvenirs....
Dans cette collection de bijoux il y a 3 croix ethniques :
La croix Kopte d'Ethiopie, qui existe également en argent rhodié sur l'eshop
et les deux nouvelles :
La croix d'agadès, appelé aussi Inabagret qui est l'emblème du Niger et la croix du sud, appelé Karaga, ces croix sont fabriqués par les Touaregs du Niger, Nigeria et du Mali.
On recense 21 modèles différents de croix (22 avec la croix de Mano Dayak, créée en 1996 après sa mort). Chaque croix est le symbole d'une ville et permet de connaître la provenance des personnes qui la portent. Il est difficile d’être catégorique sur leur origine. Selon certaines études, les croix existeraient depuis l'Égypte pharaonique. Mais il se pourrait également qu'elles datent d’une période préislamique plus récente, à l'époque où les tribus furent influencées par le christianisme et le symbole de la croix chrétienne. Les croix touarègues, transmises de père en fils, pourraient aussi symboliser les 4 points cardinaux : « Mon fils, je te donne les quatre coins du monde, parce qu'on ne peut pas savoir où on mourra ». Elles sont à présent portées par les hommes comme par les femmes.
La croix d'Agadez serait un message d'amour.
La légende :
Un jour, à la fin de l'été, l'homme, ne pouvant plus supporter la présence si proche de l'être aimé, préféra quitte le campement. Son tourment était si grand qu'il valait mieux qu'il s'en aille.
Il prit son méhari acajou clair, rapide à la course et son épée au fourreau garni de métal. Il replia son voile de front et s'éloigna dans la direction où paraissait la lune au commencement du mois. Tout le jour, il marcha d'un pas lent et cadencé, résigné, souffrant que l’œil réclame la vue de la personne aimée, et que l'amour soit un bourreau qui ne laisse pas mourir et ne laisse pas vivre.
Le premier soir, alors que le soleil tombait, il campa dans une plaine de sable fin. Les jours suivants, il suivit une ligne de grands arbres isolés, jusqu'à atteindre des régions montagneuses.
Toute la journée, il songeait : " Résigne-toi : tu n'as rien à espérer ; sans doute, a-t-elle oublié tes tempes et tes joues "
Chaque fois qu'il rencontrait un enfant qui faisait paître un troupeau, il lui demandait des nouvelles de son campement, et cherchait surtout à savoir ce qu'il advenait de la jeune femme au teint pur qu'il avait laissé.
Chaque paysage lui rappelait cette femme, rien ne pouvait l'effacer de ses pensées.
Il traversa des plaines et des déserts, sentit la soif et la faim lui tirer les lèvres et le ventre.
Il s'arrêta un jour dans une vallée où l'herbe était fraîche et abondante. Des campements étaient installés là, des femmes fardées, des enfants jouaient auprès de sources fraîches. Il fut bien accueilli, on ne lui posa pas de question sur les raisons de sa venue. On lui dressa une tente à l'écart. Tout le jour, il travaillait avec les hommes, et tous les matins, les femmes lui apportaient le lait.
Il suivit le campement pendant toute une année. Un matin, il repartit. Son cœur était vide, il ne savait où aller.
Tandis qu'il traversait d'autres vallées, longeant les sables, il crut entendre un violon lui dire : " La tristesse de quitter celle dont tu t'es éloigné, où est-elle ? "
Il lui dit : " N'accroît pas ma souffrance. La tristesse est toujours là. "
Tous les jours, ses yeux versaient des larmes, l'amour pour la jeune femme lui brûlait le cœur, et l'éloignement n'y faisait rien.
C'est alors qu'il traça dans le sable un symbole d'alliance entre lui et sa bien-aimée. Une croix unie à un cercle : l'homme et la femme liés. Il décida de rentrer.
Passant en ville, il fit fabriquer par le meilleur forgeron la croix qu'il avait dessinée. Le bijou fut façonné en argent et accroché à quelques liens de cuir souple.
Il mit plusieurs jours pour retrouver son campement. La croix suspendue à son cou lui donnait le courage d'avancer, elle était son étoile à suivre.
A l'approche du campement, il s'arrêta, mit son plus beau turban d'indigo par-dessus son voile blanc, chaussa ses chaussures neuves brodées de points turquoise, et repartit d'un pas plus rapide.
Son bonheur de retrouver les siens était grand, et son retour fut fêté. Il avait des histoires à raconter et tous venaient à sa rencontre pour entendre ses récits des régions parcourues.
Vite, il apprit que la femme vivait toujours là, mais qu'elle allait être mariée.
Il alla la retrouver derrière l'arbre près du puits un matin où elle s'en allait chercher l'eau pour la journée.
Elle non plus, n'avait pu l'oublier. Tous les jours, elle avait songé à lui, et son cœur pleurait de l'avoir vu s'éloigner.
Elle non plus, n'avait pu se résigner.
Ils décidèrent de s'aimer en cachette.
Il lui montra la croix d'argent fabriquée pour elle, et ils inventèrent un code : le jour où elle trouverait ce bijou dans la calebasse destinée au lait que sa servante venait lui apporter chaque matin, elle le rejoindrait au soir couchant derrière l'arbre près du puits.
C'était une servante bonne et fidèle, il leur serait facile de lui demander de garder le secret.
Et c'est ainsi qu'ils firent. Chaque matin, la servante apportait la calebasse pour le lait à sa maîtresse. Cette dernière, si elle y trouvait la croix, savait qu'elle pouvait, le soir, aller rejoindre l'homme qu'elle aimait.
Ils s'aimèrent ainsi en cachette, toute leur vie, et personne ne se rendit compte de rien.
Leur bonheur était grand et la croix le gardait bien secret.
C'est sans doute la vieille servante qui, un jour, raconta cette histoire à sa fille : personne ne sut si elle était devenue folle ou si elle disait vrai.
Mais la croix est restée, elle est protée maintenant et garde en elle sa part de mystère.
Elle cache peut-être un amour qui n'a pas pu se résigner à mourir entre ces deux sages amants oubliés.
Aude Durou Bijoux nomades
Sortir de l'isolement, une nécessité pour les artistes touaregs d'Agadez et du Niger.
isolés dans un Sahel rongé par la pauvreté et l'insécurité. Partager leurs œuvres, leurs combats, c'est lutter pour la survie de leur Culture et préserver leur identité.
Hommes bleus est une dénomination partagée par les Touareg, les Maures et les Marocains du Sud1. Elle correspond à la forte teinture d'indigo des vêtements, qui peut déteindre sur la peau1. De façon générale, les Touaregs portent des vêtements de couleur sombre, ce qui les distingue des citadins et des habitants des oasis dont les vêtements sont clairs.
Les Touaregs doivent leur surnom d'Hommes Bleus au taguelmoust,
Ce voile indigo qui les protège du sable du désert mais qui est devenu partie intégrante de leur personnalité comme le confirme Cécilia Duclos, chargée de l'exposition : "Les Touaregs ne souhaitent pas être dans l'ostentation. Pour eux, l'expression des émotions ne doit pas être visible. Donc les hommes se camouflent le visage de différentes façons. Parfois ils se couvrent juste le menton, parfois juste sur le nez. Cela fait référence à cette volonté d'être dans la sobriété, la retenue. C'est ce qui est vraiment au coeur du style Touareg. C'est pour eux l'expression d'une élégance, d'un comportement noble"
Une sobriété que l'on retrouve dans les bijoux, les objets artisanaux marqués par la symétrie et la géométrie des formes.
Ce sont les étrangers qui leur ont donné.
le nom « Touareg » à ces hommes du désert. Il signifie « les abandonnés » « les errants ».
A l'époque des explorateurs, avant le début de la colonisation par la France au 19e siècle, on les surnommait aussi "les seigneurs du désert".
Leur nom véritable c’est «Imuhar» qui signifie « Hommes libres ».
Ces bijoux en argent sont réalisés par les forgerons d'Agadez selon la technique de la forme perdue dont la première étape consiste à modeler en cire une réplique grossière de la croix. Cette forme est alors enrobée d'argile puis cuite dans un feu attisé par le soufflet de cuir qu'actionne un apprenti. La température liquéfie la cire qui s'échappe par une extrémité, libérant ainsi un moule en terre cuite creux dans lequel est coulé l'argent. Après refroidissement, l'artisan casse le moule d'argile pour en retirer la croix brute. C'est en limant et ciselant longuement qu'il termine la célèbre croix d'Agadez.